L'heure du repas Enfin approche [PV: Elvina bethel]

Pour une fois que je m'étais résolue à ne pas céder à mes pulsions noctambules, à me coucher à heure raisonnable et ne pas enfreindre ce maudit règlement, voilà que le sommeil refusait de s'offrir à moi... A force de me retourner, la couverture avait finit sur le sol et le draps tout emmêlé ne joignait même plus l'extrémité du lit. Je devais faire quelque chose. Soupirant de colère, je me levais et replaçais méticuleusement le draps puis la couverture sur le lit. Un bref coup d’œil autour de moi et je constatais que je ne pourrais toujours pas dormir. Je décidais alors de m'approcher du bureau, d'ouvrir l'unique tiroir de ce dernier et de m'emparer de la petite bite d’allumettes que je cache soigneusement sous mes enveloppes. Enveloppes sans aucune utilité d'ailleurs puisque je n'ai personne a qui écrire. Je grattais le morceau de bois sur son carton jusqu'à ce que la tête de souffre s'embrase. La mèche sèche du cierge pris tout de suite, la flamme naissante diffusant une lumière rassurante et une douce chaleur. Je tirais précautionneusement la chaise bancale de bois, sans faire de bruit, avant de m'installer dessus. Je repris l'ouvrage que l'on m'avait offert pour anniversaire et me replongeais entre ses pages. La lecture est l'une des seules choses dont nous pouvons bénéficier en ces lieux, alors autant en profiter.

Mais voilà, alors que je commençais à ma lasser de ces pages si fades, mon horloge biologique m'appela. Non pas pour dormir, ce fut trop beau, mais bel et bien pour manger. Quel goinfre me direz-vous mais je n'avais pas assisté au dîner ce soir. Depuis quelques temps, je vivais plus la nuit que le jour et lorsque minuit approchais, il était temps pour moi de déjeuner. Je n'avais pas l'heure, mais à la position de la lune dans le ciel, je me doutais qu'il était encore un peu tôt. Enfin qu'importe, peut-être qu'une fois cet instinct de survie rassasié, je pourrais m'adonner ne serait-ce qu'à un semblant de sieste. Je me levais donc, soufflait l'unique bougie et collait mon oreille à la porte de bois au vernis écaillé afin de déceler la présence d'un éventuel veilleur de nuit. Ces escapades étaient toujours risquées, mais la vie était si ennuyeuse ici qu'un peu de risque ne faisait que pimenter les choses. Quoi que pour moi, vu le nombre de fois où je me suis fait attrapée, mieux vaudrait que je me fasse discrète. Certains veilleurs ne sont pas très scrupuleux. Et je ne tiens pas non plus à faire le repas d'une drôle de créature. Par chance, ce soir, personne dans les couloirs. Je me faufile donc à pas de chat jusqu'au réfectoire. C'est alors qu'un bruit étrange de sabot, à demi étouffé retient mon attention. Mais non, reprends toi ! Il ne peux pas y avoir de cheval dans cette cuisine, c'est tout bonnement impossible. Et c'est convaincue de mon idée que je franchit d'un geste assuré la porte me séparant du garde manger.

Quelle ne fut pas ma surprise d'y découvrir une jeune femme, qui me soit totalement inconnue, dotée d'une corne, de quatre pattes et d"une queue. Je restais sans voix, quelle était donc cette créature et que faisait-elle ici ? Mon premier sentiment, la peur, se dissipa rapidement lorsque je vit qu'elle semblait pacifiste. Une jeune femme avec des yeux si purs ne pouvaient être dangereuse. Du moins je l'espérais. Espérant ne pas la déranger dans son en cas pour le moins sucré, je me découpais une tranche de pain et un morceau de terrine.

Bonsoir. J'espère que je ne vous dérange pas...

Malgré mon repas qui m'attendait juste devant moi, je ne pouvais m'empêcher d'observer l'inconnue, surtout ses pattes...

C'était la première fois que je rencontrais une telle créature et je ne pouvais dissimuler ma surprise. Je me demandais même si elle était dotée de parole... Cela ne devait pas être évident non plus de se déplacer sur quatre longues pattes, déjà qu'avec deux, nous parvenons à nous emmêler. Je tâchais toutefois de détourner le regard afin de ne pas paraître top impolie, bien que cela était certainement déjà fait. Je tirais d'un des tabourets en bois branlant de sous une paillasse de cuisine encore incrustée de restes de nourriture et essayais de reporter mon attention sur mon assiette. Elle n'était pas très remplie, mais je n'avais pas besoin de beaucoup pour m'alimenter à ma faim. Fort heureusement d'ailleurs, car vu la qualité des plats et la quantité des plats préparés ici... il n'y avait qu'à regarder l'état des plans de travail a peine nettoyés, dont le relief dessiné par de la nourriture séchée ne cesse d'évoluer... Un bruit sourd me fait relever la tête aussitôt, l'adrénaline bande mes muscles, prête à m'enfuir sous un éventuel danger. Mais non, il s'agit juste de la centaure qui vient de choir sur le sol. Elle semble inquiète. Son discours me le confirme... Elle dois se cacher à cause de sa condition ? Quelle horreur... Je me lève précautionneusement et part à sa rencontre, lui tendant une main pour l'aider à se relever, espérant que ce ne soit pas trop maladroit de ma part. C'était donc une noctambule de plus. Décidément, le temps ne défilait vraiment pas normalement ici.

Tout vas bien. Je m'appelle Elvina, je suis enfermée ici. Prends, mange à ta faim, si tu écoutes les règles, tu finiras anémiée.

J'essaie de l'encourager et de lui faire voir que je ne lui veut aucun mal.Je constate qu'elle mange mais n'a rien à boire. Je lui sors un verre d'un placard et le remplit de lait.

Tu dois avoir soif.

Une fois cette nouvelle venue servie, je retournais sur mon tabouret pour manger à mon tour. La faim me torturait de l'intérieur et c'est avec appétit que je dévorais le pain rassit et la terrine. J ne pouvais toutefois cesser de jeter des coups d’œils furtifs dans sa direction. Et lorsque mon estomac, occupé à mastiquer et digérer ce que je lui procurait, commença à ma laisser en paix, la curiosité pris le dessus :

Excuse-moi, je ne voudrais pas me montrer indiscrète mais... où vis tu ?