Lydie Lethe
Messages : 22 Date d'inscription : 02/01/2013
| Sujet: Lydie Lethe, Chasseuse de prime Jeu 10 Jan - 21:46 | |
| 1er mars 1829
Aujourd’hui, Mère m’a offert ce journal intime. Je n’en vois pas encore bien l’utilité, mais Mère dit qu’il me permettra de canaliser mon esprit vagabond. Je ne comprends pas où est le mal, mais cela semble déranger mon entourage. Serait-ce un crime que de rêver ? Je souhaite de tout cœur que non. J’essaierais de suivre tes conseils, Mère, mais ne m’en veut pas si j’échoue…
3 mars 1829
Bonjour journal.
Mère m’a dit que je devais te confier mes secrets. Me promets-tu seulement de bien les garder pour toi ? En attendant, je pense que le mieux est que je commence par me présenter. Je m’appelle Lydie. Lydie Lethe pour être exacte. Je suis née le 5 février 1877 et j’ai 12 ans. Je suis originaire de Chester, sur la côte Ouest de l’Angleterre. Malgré que nous vivions près de la plage, mes parents n’aiment pas trop y aller. Ils disent que le sable et les embruns sont trop salissants et abîment les tissus. Pourtant c’est bien la plage. Même si le ciel est souvent gris, il y a toujours pleins d’autres enfants. Mais Mère ne veut jamais que je joue avec eux… Je me demande pourquoi. C’est bien trop long de passer la journée enfermée au château. Bien sûr il y a des jardins, mais ils sont bien trop conformes. Il y a trop de règles, ne pas marcher sur la pelouse, ne pas courir ni crier dans le château… Je m’ennuie terriblement.
14 mars 1829
Bonjour journal !
Comme je suis contente ! Père va enfin faire venir un précepteur ! A moi tous les secrets du monde, adieu cette vie ennuyeuse et ignorante ! Quand je serais savante, je pourrais voyager, découvrir des terres inconnues, rencontrer tout un tas de gens ! Ca va être merveilleux, je m’impatiente tant ! Pour le moment, je ne vais apprendre que l’Anglais, les Mathématiques et l’Histoire. Mais c’est tout de même formidable. J’ai tellement hâte ! Mère m’a dit qu’il arrivait jeudi prochain. Encore cinq jours à attendre, cela va me paraître une éternité. A moi la connaissance !
19 mars 1829
Bonjour journal !
J’ai enfin pu rencontrer mon précepteur ! C’est un homme strict, néanmoins il à l’air très instruit. Quand je serais grande, je veux savoir encore plus de choses que lui ! Il n’est resté qu’une heure, mais il a dit que c’était bien pour aujourd’hui et que j’étais une petite fille très curieuse. Je ne sais pas si c’est un compliment, il n’avait pas l’air très joyeux. J’ai dit à Mère que je voulais aussi apprendre la physique mais elle m’a répondu que c’est trop compliqué. Comme j’ai insisté, elle m’a promis que je pourrais apprendre la physique et la biologie si je travaillais dur les autres matières. Elle ne sera pas déçue
2 février 1830
Bonjour journal.
Aujourd’hui Mère m’a réprimandé car j’ai négligé de nourrir tes pages tant j’étais occupée à mes études. J’ai du lui promettre de t’écrire au moins une fois chaque semaine. Mais je ne sais pas quoi t’écrire…
5 février 1830
Bonjour journal.
Aujourd’hui c’était mon anniversaire. J’ai maintenant 13 ans. A cette occasion, Mère et Père ont organisé une réception. J’aurais préféré rester dans ma chambre à étudier. Il y avait beaucoup de monde. Des hommes et des femmes de hautes lignées, de classes sociales privilégiées. Des enfants vêtus de robes et de costumes aux tissus précieux et à la prestance déconcertante. Etait-ce de vrais enfants ou bien les simples pantins de leurs parents ? Cette vision m’a marquée. Moi aussi on m’a obligée à me vêtir « convenablement ». Mère m’a fait enfilée une robe en velours pourpre avec une multitude de dentelles et rubans complètement inutiles et atrocement symétrique. Les servantes sont restées une heure à tourner autour de moi, leurs aiguilles à la main, ajustant chaque détail du vêtement. Je n’avais qu’une hâte, prendre la fuite. J’ai du passer ma journée à faire des courbettes à Lord Chose et Marquise Trucmuche. Et puis l’ouverture des cadeaux… J’en ai perdu bien plus d’une heure avec des paquets presque scellés tant on les avait emballés avec soin. S’il n’avait tenu qu’à moi, j’aurais arraché cette montagne de papier inutile. Mais la bienséance voulait que je n’abîme pas les emballages, que je prenne le temps de dénouer convenablement chaque ruban, d’enlever avec soin chaque agrafe. Puis je devais sourire chaleureusement et remercier. Chaque présent me paraissait plus futile que le précèdent. Miroir, brosse, produits d’hygiène et de beauté… Qu’en ferais-je ? Heureusement, l’après-midi devait bien s’achever à un moment ou un autre, chaque invité quittant le château qui retrouva bientôt son calme. Enfin je pouvais abandonner les apparences, cesser de me tenir droite et j’allais pouvoir me débarrasser du corset qui m’étouffait sous ma robe. Sans plus attendre, je suis allée ôter les souliers vernis qui étreignaient mes pieds avant de sauter sur mon lit. J’étais perdue dans la contemplation du plafond baigné par la lumière du soleil couchant quand Mère et Père frappèrent à la porte. Après quelques secondes d’exaspération face à mes cheveux dénoués, mes chaussures jetées au pied du lit et ma robe froissée, ils me tendirent un autre paquet, lui aussi bien emballé. « Pourquoi ne me l’ont-ils pas donné tout à l’heure en même temps que les autres ? » C’est la première question qui m’est venue à l’esprit et bien que je ne l’avais prononcée, Père se chargea d’y répondre. Il m’a dit que ce cadeau serait sans doute pris comme une folie auprès des invités. Encore d’avantage intriguée, j’ai pris le paquet que l’on me tendait. Il était si lourd que j’ai du le poser sur mon lit pour le déballer. Après l’avoir déballé « dans les règles », j’y découvrais quatre livres épais à la reliure de cuir. Des encyclopédies ! Je n’en croyais pas mes yeux. Tu peux me croire journal, la vue de ces livres à suffit à égayer ma journée.
| |
|